A l’heure où les consommateurs rejettent les conservateurs, la solution serait soit d’en choisir des naturels, soit de pouvoir en réduire la quantité, soit de pouvoir s’en passer. Mais il vaudrait mieux oublier la dernière solution (voir mon dernier post Conserver ou simplifier). Il existe cependant une autre voie. Entre process de fabrication inspirés de la pharmacie et packagings innovants, ce ne sont pas les options qui manquent.

La stérilisation façon UHT

C’est le fameux procédé qu’on utilise pour le lait UHT et qui permet de le conserver sans risque pendant plusieurs mois. Un processus de chauffe de quelques secondes à très ultra haute température (d’où le UHT), soit 140 à 150 degrés qui va tuer enzymes et bactéries. Voilà pourquoi on peut garder ce lait pendant 3 mois pourvu que la bouteille n’ait pas été ouverte, bien sûr.

Ce procédé existe aussi en cosmétiques, depuis des années en mode partiel ou complet. Chez Pierre Fabre, ils ont travaillé sur le sujet pendant dix ans et ont mis au point une chaîne de production stérile complète : de l’usine jusqu’à la mise en tube. Pas une poussière ne rentre dans les flacons brevetés jusqu’au bouchon. Ce sont les standards de la pharmacie appliqués à la cosmétologie. Evidemment, toutes les formules ne peuvent pas être traitées par ce type de procédé. Certains actifs, comme les enzymes, les vitamines, qui sont très fragiles, ne supporteraient pas la température élevée. Et puis c’est un processus coûteux. D’ailleurs, l’entreprise le réserve à quelques produits spécifiques plutôt à visée médicale, comme en pédiatrie.

cosmétiques, conservateurs, parabens, phénoxyéthanol

Le verre anti-lumière

On semble s’acheminer vers différentes solutions, effectivement. Chez Oskol, Erwan de Brugière a choisi une voie encore différente et également onéreuse : le verre violet, bien plus efficace que le verre brun. « Le verre est teinté dans la masse, avec des oxydes métalliques particuliers. Ces oxydes métalliques créent un verre spécial (très solide) et opaque qui bloque la lumière visible. Mais, il laisse passer les UVA et les Infra rouge d’où sa couleur violette au soleil et noir devant une lampe. Le résultat est que la durée de vie des aliments, médicaments ou cosmétiques est prolongée et la qualité est préservée plus longtemps. Les propriétés de ce verre ne s’altèrent pas avec le temps. Et il est bien évidement recyclable à l’infini et peut se mettre dans le conteneur à verre classique ».

Mais Erwan de préciser que l’on ne peut pas éliminer complètement les conservateurs. Effectivement, il en faut toujours un minimum. Ne serait-ce que parce qu’il y a de l’eau dans les formules cosmétiques, mais également parce qu’une contamination bactérienne est toujours possible lors de la production ou lors du conditionnement. Et ça, le super verre ne peut rien contre. C’est un phénomène dont on ne parle jamais mais qui est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit. Je vous invite à écouter Colette Haydon, la créatrice de Lixirskin, à ce sujet. Au fait, ces flacons en verre violet sont tops pour conserver des herbes ou tout autre produit, alors gardez-les plutôt que de les jeter. en tous cas moi, c’est ce que je vais faire.

Les packagings airless

Pas nouveaux, mais de plus en plus perfectionnés. Comme celui de Projet 28. Le flacon en verre complètement opaque contient une poche de produit, totalement hermétique aux microbes et à l’air, qui se rétracte au fur et à mesure.

Récemment, j’ai entendu parler de recherches autour de flacons ou de tubes qui retiendraient les bactéries sur leurs parois, les empêchant ainsi de migrer dans les formules. Mais, la solution ne serait-elle pas dans les formules elles-mêmes ? Avez-vous remarqué que la grande majorité des crèmes, émulsions etc. étaient blindées en eau ? C’est souvent le premier ingrédient qui apparaît en tête de la liste INCI. La majorité des crèmes et émulsions sont des formules huiles dans eau. La solution serait peut-être d’aller plutôt vers des formules eau dans huile, qui permettraient de limiter encore l’utilisation de conservateurs. Même si toutes les formules ne s’y prêteront pas, forcément.

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