Auteur.

Chantal Soutarson

Parcourir

Prendre la vague à plus de 50 ans…

C’était en février dernier. Je commençais à préparer mes vacances d’été. Je voulais, comme chaque année, partir en Martinique. Problème : entre les billets d’avion qui coûtent les deux bras, la location du bungalow et celle de la voiture, le budget allait être extrêmement serré (#vismaviedindependante). Eh oui, quand on est salarié, qu’on a son salaire qui tombe tous les mois, on peut mettre de côté, budgéter… Aujourd’hui, ce n’est plus mon cas. Résultat, je cherche une autre destination, pas trop lointaine, ensoleillée de préférence et pas trop ruineuse non plus. Je ne veux pas de clubs de vacances, car je ne me suis jamais sentie aussi seule que dans ce genre d’endroit #vismaviedemamansolo. Et puis me vient une idée : et si pour une fois, je me faisais des vacances sportives ? Mais quel sport ? Il faudrait que je puisse le partager avec ma fille en plus. 17 ans, envie de se la couler douce avec son extension préférée #portableIG. Donc pas question de l’emmener dans une retraite yoga ou ce genre de truc qui ne l’intéresse absolument pas.

Soudain, je me suis rappelé ce fantasme d’ado que j’avais. A l’âge de ma fille, je lisais des livres sur le surf, je rêvais de partir, planche sous le bras, de pratiquer aux 4 coins du monde en suivant les saisons. L’année dernière, je l’avais envoyé suivre un stage de surf avec l’UCPA et elle n’avait plus pratiqué depuis. Je lui ai donc proposé l’idée. Elle m’a dit ok, et hop j’ai choisi un spot, Famara au Nord de Lanzarote, réservé l’avion, l’appart’, la voiture et voilà comment je me suis retrouvée 4 heures par jour dans l’eau à tenter de me tenir en équilibre sur une planche de 2 mètres.

Famara, c’est un panorama extraordinaire. Les volcans, les étendues désertiques, la mer et un climat tout à fait supportable (pensée pour ceux qui étaient à Paris sous 40°degrés)… Il y a beaucoup de vent, c’est souvent couvert d’ailleurs, dans ce coin. Mais bon, mon but était sportif et non de lézarder au soleil, comme d’hab’.  J’ai été servie ! L’apprentissage est ingrat. On tombe beaucoup, on perd l’équilibre non stop, on se reçoit les vagues en pleine face. Il m’a fallu 3 bonnes journées pour parvenir à me tenir enfin debout. Mais j’y suis arrivée ! Eh oui, apprendre à 50 ans passé, ce n’est pas pareil que de s’y mettre à 10 ! C’est sûr que si je m’étais comparée à ces jeunes qui arrivent le matin sans avoir jamais mis un pied sur une planche et qui, au bout de 2 heures, ont déjà acquis les rudiments, j’aurais vite jeté l’éponge !

Mais j’étais pas là pour me comparer à des mômes de l’âge de la mienne. J’étais là pour apprendre un truc nouveau, pour m’amuser, et accessoirement pour sortir de ma zone de confort. Et quoi de mieux pour y parvenir, que de se confronter à un élément aussi imprévisible que la mer ? Avec le surf, on apprend qu’une vague n’est pas une simple vague. Que pour en surfer une il faut en laisser passer parfois 5-6, qu’il faut accepter de tomber, puis de se relever. De tomber à nouveau. Et de se relever. Pas de honte, jamais. Juste l’envie d’y arriver.  Donc on apprend l’observation, la patience, la persévérance et… L’humilité.

Lanzarote, Caleta de Famara, surf
Il y a des jours où « ça tabassait » comme on dit. J’ai dû me retrouver dans le tambour de la machine à laver une bonne trentaine de fois, essayant de protéger ma tête comme je pouvais d’une éventuelle chute de planche. Ca m’a aussi appris plein de choses sur moi. J’ai vu que je n’avais pas tant peur que ça de me jeter à l’eau, au propre comme au figuré, que j’avais plus d’endurance que je l’imaginais et que j’étais quand même encore bien casse-cou !

J’ai pris cher : des tasses entières d’eau salée, des bleus aux genoux gros comme des balles de ping pong, le dos et les bras fracassés en fin de journée. C’est un sport risqué, faut pas l’oublier ! Mais à aucun moment je n’ai remis mon choix en question. Je voulais vivre mon petit rêve de jeunesse et je l’ai fait. A un moment, j’ai pensé que j’y étais allée un peu fort en nous prenant direct un forfait de 10 jours d’apprentissage. Mais, que voulez-vous, quand je m’engage dans un nouveau truc, je le fais à fond ! J’ai pas lâché. Après un petit passage forcé chez l’ostéopathe, je me suis remise à l’eau dès le lendemain !

Le bilan de cet apprentissage express et pour le moins énergique ? J’ai réussi mon challenge avec moi-même. Je ne suis pas devenue surfeuse pro (c’était pas le but, hein) mais je sais tenir sur une planche. Et j’ai déjà envie de repartir ! Mais cette fois, je ferai différemment. Maintenant que j’ai quelques rudiments, je vais essayer de développer ma pratique, en évitant l’école de surf classique, histoire de pouvoir progresser plus rapidement. Oui, car au cas où ça vous intéresserait, l’école de surf, c’est bien pour débuter, à condition qu »il n’y ait pas beaucoup de monde et qu’on apprenne et progresse tous à la même vitesse. Evidemment, dans ce genre de contexte #ecoleusine, c’est juste impossible. Les profs doivent gérer une dizaine de personnes (on a été jusqu’à 15 !), c’est compliqué d’analyser ce qui va ou ne va pas, d’avoir un oeil sur tout le monde. Et quand on débute, l’encadrement c’est hyper important pour ne pas se décourager et progresser rapidement. Et puis, je ne ferai pas de journées complétes. C’est trop éprouvant pour le corps (enfin, pour le mien en tous cas…) et ça peut vite dégoûter les plus motivés (spéciale dédicace @sarahyoga.fr 😉 ) D’ailleurs pour me donner du courage, j’ai repris la méditation que j’avais un peu délaissée, ces derniers mois. Ca me permettait de me recentrer le matin au lever et le soir au coucher.

surf, Caleta de Famara, surfEn bonus, et sans le chercher, j’ai fait une détox totale de news et de tout ce qui pollue notre cerveau à longueur de journée, toute l’année. J’ai lu, j’ai ri avec ma fille et avec Sarah, notre copine prof de yoga alsacienne qu’on a rencontrée au cours de surf justement (elle est super, allez checker son site www.sarahyoga.fr). Vous savez quoi ? J’en ai ch… Vraiment. Mais, j’ai passé sans doute mes meilleures vacances depuis des années, car j’ai appris un nouveau sport et j’ai repris confiance en moi par la même occasion. Et surtout, je me suis fait plaisir et clairement, y’a pas d’âge pour ça !

Et vous, les vacances c’était comment ? Sportives ? A la cool ? En solo ou en tribu ? Ca remonte à quand la dernière fois que vous avez fait un nouvel apprentissage sportif ou non ?

 

Quoi de neuf ?

Ma dernière speed List date du 3 décembre 2018. J’ai honte ! Raison de plus pour profiter de ce moment pour en mettre une en ligne. Car oui, il faudra s’y faire les vacances, c’est terminé. Et à moins de tout plaquer et de changer complètement de vie, elles ne pouvaient pas s’éterniser. C’est faisable, mais ça se programme… En tous cas, j’espère que vous en avez bien profité, pour recharger les batteries, décompresser, découvrir des lieux, rêver etc. Et moi, je vous retrouve avec enthousiasme de mon côté.

Pour vous redonner du baume au coeur et ne pas voir fondre votre capital bonne humeur comme une glace en plein cagnard (#rememberparis40degrés), voici mes 3  et même 4 coups de coeurs de la rentrée.

Gua Sha, anti-âge, beauté, massage, chinois

1 l’outil : le Gua Sha. C’est l’accessoire anti-âge dont tout le monde parle, même si moi je lui trouve des vertus plus relaxantes qu’anti-âge. Il peut être en pierre de jade, aventurine ou en quartz rose, plat et poli sur les tranches. J’utilise Le Crystal Contour de la marque Odacité, sculpté dans de l’aventurine verte. Moi, je connaissais le Gua Sha surtout en médecine chinoise, où on l’utilise dans le dos pour chasser le rhume, de façon un peu… Je me souviens avoir envoyé une amie journaliste tester un soin corps au Gua Sha un jour. Elle en est revenue le dos lacéré, en me maudissant tellement elle avait eu mal. C’est vrai que si on appuie un peu trop fort ou si le geste est un peu vif, le truc peut vite se transformer en séance de torture. Mais pour l’anti-âge rien de tout ça et ça buzze sec sur les réseaux, comme d’habitude lorsque deux trois influenceuses croient réinventer la roue, alors que c’est juste un outil qui existe depuis des lustres. Mais bon, passons… Là, l’idée c’est de relancer le drainage lymphatique, les échanges et la micro circulation. Avec à la clef, du glow et une stimulation efficace de la synthèse de collagène et d’élastine. Bon, on ne va pas perdre une ride du lion ou effacer ses sillons nasogéniens par ce geste (dommage…), alors que c’est la promesse totalement usurpée qui circule. La peau répond, elle aussi, à un principe de réalité : une fibre cassée ne se répare pas ! En revanche, le Gua Sha a l’avantage d’aider à masser plus en profondeur peut-être, et donc à stimuler la synthèse de collagène et d’élastine. A utiliser avec une huile (On The Wild Side, Amalthéa, Oden…) sinon, gare aux éraflures et au film hydro lipidique ! Bon à savoir : au Bon Marché, Odacité a crée un bar à Gua Sha où l’on peut se faire masser le visage gratuitement et apprendre la technique au passage. Sinon, Youtube pullulent de vidéos… Infos et points de vente sur www.odactite.com

régénération, cellules, peau, anti-âge

2 Le sérum : Projet 28. L’idée générale, c’est la régénération cutanée. La particularité du RGNA28, l’actif biomimétique (à base d’héparane sulfate et d’acide hyaluronique) qui a d’abord été découvert en médecine, c’est de protéger la matrice qui enveloppe les cellules. Il la régénère et crée ainsi des conditions favorables à un renouvellement cellulaire optimal. Ce qui veut dire, plus d’hydratation, une production de collagène de meilleure qualité et une meilleure protection contre les radicaux libres. La ligne est courte : 2 crèmes (jour et nuit) et un sérum. Les formules concentrent peu d’ingrédients (naturels à au moins 90%) et les flacons airless permettent de minimiser l’utilisation de conservateurs. La texture du sérum est une tuerie qui donne un glow fantastique ! Inutile de vous dire que le retour des vacances est pile le moment idéal pour booster l’hydratation et réparer les dommages cutanés dus au soleil. Encore une chose : au-delà du simple aspect cosmétique, Projet 28 doit surtout servir à financer la recherche en médecine régénérative. Une raison supplémentaire pour lui accorder toute votre attention. La médecine qui apporte une biotechnologie à la cosmétique qui, elle-même, financera les avancées de la première en retour, la boucle est bouclée ! Dispo en pharmacie et sur le site de la marque www.vingt-huit.com

typology, règle, peau

3 La cure : Woman. Alors c’est dans ces moments-là que je me dis que j’aimerais bien avoir 10 ou même 15 ans de moins. On n’a jamais autant parlé des règles et c’est tant mieux. Perso, on en parle souvent avec ma fille de 17 ans, comme je n’aurais jamais osé le faire au même âge avec ma propre mère. Autres temps, autres moeurs… Je me rappelle les problèmes de peau en fin de cycle, la peau pas glowy du tout, le bouton qui se pointe juste là quand il ne faudrait pas etc. Typology a crée une ligne à laquelle je n’aurais jamais pensé, même dans mes rêves les plus dingues. Des produits qui s’adaptent aux moments du cycle. Ning Li, l’éminence grise de Typo, a donné carte blanche aux jeunes femmes de son équipe et elles sont arrivées avec cette idée pas sogrenue du tout. Qui mieux que des femmes pour parler de cycle, de règles ? Parce que la peau évolue au fil des semaines, qu’elle a besoin d’être rééquilibrée en permanence, elles ont conçus quatre sérums (comme ça on ne bouleverse pas sa routine habituelle) à glisser sous son soin de jour/de nuit. Le 1er pallie la déshydratation et la sensibilité des jours de règles. Le deuxième, pour la semaine pré-ovulation, booste le glow naturel de la peau à ce moment du cycle. Comme il contient des AHA de myrtilles, on l’utilisera plutôt le soir. Le numéro 3 est astringent pour limiter les pics de sébum qui interviennent en période d’ovulation. Pour finir, le sérum 4, c’est le matifiant, celui qui doit juguler les imperfections et les brillances dues à une suractivité des glandes sébacées. Qu’est-ce que j’aurais aimé  avoir un truc pareil quand j’étais plus jeune ! Aujourd’hui, je passe la main et les produits, à ma fille…. Sur www.typology.fr

4 Le lieu : la green house de Tata Harper au Bon Marché. Le grand magasin parisien accueillera une serre entièrement végétalisée (1er étage, espace Lingerie) où vous pourrez découvrir la toute nouvelle gamme Supernaturals 2.0 et en apprendre un peu plus sur la marque vert pomme en participant à des ateliers beauté. Vous pourrez également assister à des talks et masterclass dédiées à la beauté et au Body Positivisme. On pourra également se faire faire des soins visage ou encore profiter de sound healing moments (soins au son de bols tibétains). Plus holisitque, y’a pas ! Du 14 septembre au 27 octobre. J’en profite d’ailleurs pour vous livrer un scoop : Tata Harper sera bientôt en ITW exclusive sur Beauty Toaster. Stay tuned…

Très belle rentrée à toutes et à tous

 

L’Amérique à l’heure de la beauté éco-responsable

J’ai réalisé cette interview à Paris à l’occasion du Salon In-Cosmetics qui réunissait, il y a quelques mois, tous les grands acteurs du secteur : fournisseurs d’ingrédients, fabricants, marques etc.

Beauty Toaster : bonjour Gay, Je dois vous dire que je suis très fière de vous interviewer pour Beauty Toaster, car vous êtes une scientifique réputée dans le monde de la cosmétique et également parce que vous êtes ma 1ère invitée anglophone. Donc je suis d’autant plus fière.

Gay Timmons : Bonjour Chantal, je suis très impressionnée et très fière d’être votre première invitée anglophone .

1 Quelle est votre formation et en quoi consiste votre activité aujourd’hui ? 

J’ai d’abord été anthropologue et par la suite je suis retourné à l’université afin d’obtenir un diplôme en physiologie. Dans l’intervalle, j’ai commencé à travailler pour l’agriculture en Californie, parce que c’est l’autre chose que l’on fait là-bas, en dehors de la tech. Je travaillais avec des agriculteurs spécialisés dans le bio notamment. Aujourd’hui, cela fait 30 ans que je travaille avec des agriculteurs californiens mais également dans le monde entier. Et je me suis spécialisée dans les huiles végétales, huile de coco, de palme, de tournesol… tout ce qui vient d’une plante.

2 Vous êtes spécialisée dans les cosmétiques uniquement ? 

Pendant 10 ans, j’ai vendu à l’agro-alimentaire. Mais, un jour j’ai réalisé que je ne voulais plus rien avoir à faire avec une industrie qui pouvait par certains aspects détruire l’environnement. Donc en 1998, j’ai préféré me tourner vers l’industrie cosmétique.

3 Vous vivez en Californie et vous dites que beauté et écologie sont liés, qu’entendez-vous par là ? 

Quoi que vous appliquiez sur votre corps, cela finit dans les égouts. Et cette eau, va dans la nature, dans les sols. Quand je marche dans de grandes villes comme NY avec tous ces bâtiments, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces gens qui mettent des crèmes, prennent des douches et à toute cette eau qui termine dans la nature. Et ce n’est qu’un aspect du problème… L’autre aspect c’est que lorsque l’on utilise excessivement les ressources naturelles, elles finissent par se tarir. Or l’agriculture bio est basée sur le renouvellement, la durabilité des ressources naturelles.

4 Comment se porte le secteur cosmétique aux US ? Ici, les consommateurs s’orientent de plus en plus vers le bio, le clean. Il y a beaucoup de défiance à l’égard des ingrédients… 

Pareil aux US. Je dirais qu’il y a deux groupes. Si vous êtes un marketeur, vous distinguez un premier groupe, celui des millenials et des GEN Z, qui sont très concernés par les questions de sécurité, de durabilité, d’impact environnemental, de sourcing. Et puis il y a un second groupe, comme les femmes enceintes ou celles/ceux dont un membre de la famille est atteint d’un cancer. Mais c’est une prise de conscience mondiale en fait. On le voit aussi au Japon, en Corée, ça commence aussi un peu en Inde, en Amérique du Sud aussi.

5 Les appli beauté :  bonne ou mauvaise idée ? Ici, les gens n’ont plus confiance dans les cosmétiques depuis quelques temps, et particulièrement depuis que les Appli se sont développées. Est-ce la même chose chez vous ? Est-ce que les gens vérifient chaque produits de beauté acheté ? 

Oui les américains les utilisent. Mais ces appli sont un peu frustrantes car elles n’ont pas beaucoup évolué. Vous savez, il y a tellement d’informations à prendre en compte, il existe plus de 65 000 ingrédients cosmétiques, c’est beaucoup de datas. Chaque ingrédient est fabriqué différemment par les sociétés qui le commercialisent. Par exemple, un tensioactif pour les shampooings pourra être fabriqué par 5 laboratoires de 5 façons différentes. Même les matières 1èreutilisées ne seront peut-être pas les mêmes. Donc les App sont très limitées.

Une des grandes différences que je vois entre l’Europe et les US, c’est qu’aux US, on a plein d’enseignes de cosmétiques spécialisées dans le naturel et le bio. Credo, Follain, The Detox Market, Aillea, pour ne citer que ces 4-là, mais il y en a d’autres. Ils vendent plein de marques et ont leur propre grille d’évaluation, ce qui donne au consommateur un sentiment de sécurité, car il sait que les produits sélectionnés sont sûrs pour leur santé. Certaines boutiques sont plus regardantes sur l’impact environnemental comme Aillea et Follain qui est particulièrement exigeant. Credo un peu moins, mais si vous allez sur le site et que vous dites que vous ne voulez pas de tel ou tel ingrédient, vous obtenez facilement la liste des produits répondant à votre demande.

Pour moi, ces enseignes et leurs sites sont également un bon moyen de s’informer.

6 On n’a pas ce genre de magasin ici, ça commence mais c’est encore tout petit.

Mais je pense que ça viendra. Ca a explosé aux US en 3 ans, donc ça n’a pas été si long. Dès que le consommateur commence à se manifester…

Moi : Oui bien sûr, les enseignes suivent…

Gay Timmons : oui

7 Pensez-vous que certains ingrédients devraient être bannis des formules cosmétiques et si oui pourquoi ? 

Oui, je suis un peu plus strict que les autres. J’ai une définition très simple de ce qu’est un cosmétique bio. Il y a eu un article très intéressant écrit par des chimistes renommés en 1996 ou 1998, je ne sais plus, John Warner et Paul Anastas : les 12 commandements de la chimie verte. Ce papier décrit comment fabriquer de nouveaux ingrédients chimiques, parce qu’on en a besoin. On ne peut pas fabriquer juste avec de l’huile, des huiles essentielles et du sucre, ce n’est pas suffisant. On a besoin de tensioactifs, d’émulsifiants, on a besoin de beaucoup de choses pour qu’une formule fonctionne. Donc si l’on respecte ces 12 principes plus celui de l’énergie renouvelable, alors on peut fabriquer à peu près tout ce dont on a besoin. C’est sur cet article que les principes de Cosmos et Ecocert sont basés. Donc selon moi, si un ingrédient ne respecte pas ces critères, il ne devait pas être utilisé. On ne devrait rien utiliser de dangereux pour la peau ou pour l’environnement.

8 Après les parabens, le phénoxyéthanol est dans le collimateur des consommateurs français. Ils ne croient pas au niveau d’utilisation de sécurité. Ont-ils raison ?

Honnêtement, je n’ai pas assez lu sur le sujet. Une chose que je sais, c’est que nous parlons beaucoup en ce moment du microbiome et que le phénoxyéthanol, endommage le microbiome.

De ce point de vue, nous avons encore beaucoup à faire concernant les conservateurs. Nous devons avoir des conservateurs, car personne n’a envie de voir se développer des colonies de bactéries dans ses produits.

Beauty Toaster : Tout particulièrement lorsqu’il a de l’eau dedans…

Oui car là où il a de l’eau, il y a de la vie. Je rappelle toujours cela : bactéries, levures et moisissures. On doit avoir un moyen de contrôler leur développement. Donc oui, je pense qu’il y a certainement de bonnes raisons de s’inquiéter des phénoxyéthanols et de la plupart des parabens. On a encore beaucoup à apprendre, c’est un domaine en constante évolution.

 9 Au fait, en tant que consommatrice française, si je me rends aux Etats-Unis et que j’achète des produits américains, comme par exemple des crèmes bio, est-ce que je risque d’y retrouver des ingrédients ou actifs  interdits par les normes européennes ? 

C’est assez rare. J’ai beaucoup travaillé avec les marques US qui voulaient être commercialisées en Europe. On n’a jamais eu de problèmes majeurs sur les formules. Souvent c’était des histoires d’étiquetage. Mais il y a beaucoup de produits importés aux US et là, on ne sait pas grand chose de ces produits, en particulier ceux qui viennent d’Asie. Donc je m’inquièterais plus de ces marques. Les bonnes marques font en sorte de mettre sur le marché des produits safe enfin safe selon leurs critères (qui ne sont pas les miens…), mais ils remplissent les mêmes exigences que ceux du marché Européen. Pour les produits bio, ils doivent être certifiés. S’ils sont certifiés, pas de problème, les formules seront clean. S’ils ne le sont pas, il faut lire la liste des ingrédients et aux US, on estime que le consommateur doit être informé.

10 Vous n’avez pas les mêmes normes qu’en Europe, comme Cosmos ou Natrue ? Est-ce que cela va changer ? 

Je ne vois pas beaucoup de marques certifiées d’après ces standards à part les entreprises qui veulent vraiment se différencier des autres. Mais certaines le sont cependant. Comme Jane Iredale (marque de maquillage) qui est Cosmos. C’est une marque distribuée un peu partout dans le monde. Il n’y a pas d’exigence de certification, même en Europe. Apparemment, la loi de sécurité sanitaire (safety assessement law) a dit que dès qu’une norme Iso serait en vigueur, pour les produits naturels et bio, une certification serait nécessaire, mais ce standard Iso s’avère assez défaillant. Les normes Cosmos et Natrue sont bien meilleures. Mais ici, non plus je ne vois pas beaucoup de produits de beauté  certifiés cosmos ou Natrue.

Moi : ça coûte de l’argent…

Encore une fois, on en revient au consommateur. C’est lui qui doit exiger cela.

11 Quels sont les ingrédients les plus populaires en ce moment aux US ? 

L’huile d’argan toujours, l’huile de bouton de rose… Pour moi qui travaille uniquement avec des ingrédients bio, il y a l’huile de noix de coco. Les huiles « exotiques » en général, tout le monde veut quelque chose de nouveau, des huiles africaines ou sud-américaines, comme l’huile de copaïba, de murumuru, tous ces ingrédients sont très intéressants. C’est pour ce type d’ingrédient que la demande est la plus forte.

12 J’ai entendu dire que la tendance « Farm to Face » (ndlr. Intraduisible en français) est très en vogue en ce moment chez vous. Pourriez-vous nous expliquer le principe ? Est-ce comme le bio ici ? Est-ce juste du marketing ?

Je pense que lorsque vous avancez ce genre d’allégation, vous avez la possibilité de retrouver la source, la ferme d’où sont originaires les ingrédients et la seule façon de faire cela, c’est d’utiliser des produits bio, puisque cette certification exige la traçabilité. Mon entreprise représente des fermes ou plutôt des entreprises de transformation qui travaillent avec différentes fermes, dont elles transforment les productions. Et ensuite je vends ces ingrédients à l’industrie cosmétique. Peut-être qu’ils les vendent aussi à l’industrie alimentaire. Ce sont donc ces ingrédients comestibles qui sont maintenant utilisés sur le visage et c’est pour cela qu’on les appelle « Farm to Face ». C’est marketing, mais je pense que n’importe qui qui achète des ingrédients chez moi peut se prévaloir de cette allégation.

13 On m’a dit que la cosmétique en DIY était très populaire en Californie. Ici  aussi ça prend de l’ampleur. Est-ce que ce pourrait être une future grosse tendance ? 

C’est de là que viennent toutes les indie brands que l’on voit actuellement. Si vous êtes bon dans ce que vous faites, et si vous croyez en ce que vous faites… La fondatrice d’une grande marque avec laquelle je travaille a commencé comme ça. Elle a commencé à offrir à ses amies des produits qu’elle fabriquait. Quelqu’un lui avait dit qu’elle avait une peau sensible et tout un tas de problèmes. Elle a conçu cette magnifique ligne de rouge-à-lèvres, et de skincare. Elle achetait les ingrédients sur un site web et faisait tout à la maison, et elle l’a transformé en business. Il y a plein de programmes, plein de MOOCs sur les cosmétiques green comme celui du NY Institute of Aromatherapy, un autre qui vient d’Angleterre aussi. Tous sur le DIY de cosmétiques greens.

Mais oui, c’est très populaire en ce moment, c’est drôle et ça vous en apprend un peu sur la chimie, donc c’est pas mal, on apprend de nouvelles choses, mais je ne pense pas que ça remplacera la cosmétique traditionnelle.

14  Sera-t-il possible un jour d’avoir des produits de beauté absolument bio, propres et sûrs pour nous et pour la planète ? 

Oui, bien sûr. Je pense qu’il y a plein d’entreprises qui le font aujourd’hui. Je pense que cela dépend des connaissances et de l’engagement des décideurs de ces entreprises. Dans les magasins que j’ai cités précédemment, la plupart des produits vendus sont dans cette veine, ce sont des critères que je partage et la plupart des mes clients vont vers cela.

15 Quelle est la prochaine étape pour l’industrie de la beauté ? 

Je pense que ce sera très difficile pour les fabricants de cosmétiques tradi d’adopter ces valeurs, car ils sont habitués à utiliser des ingrédients chimiques, dont certains sont issus du pétrole. Et ils disent que c’est safe, mais ce n’est pas safe pour l’environnement, et du coup, je ne suis pas persuadée que ce soit safe pour nous, d’ailleurs,  c’est ce que pensent beaucoup de consommateurs, les jeunes en particulier.

16 Pensez-vous qu’on s’achemine vers des règlementations internationales ? Et quid des tests sur animaux, à quand une interdiction totale et mondiale ? 

On a interdit les tests sur animaux en Californie. Vous l’avez fait en Europe. Et les Chinois, qui exigeaient des tests sur animaux, ont déclaré qu’ils n’allaient plus les exiger, donc on va dans la bonne direction concernant ce point.

En ce qui concerne les normes en général, dans une telle industrie, qui inclut le consommateur, tout le monde (chimistes, labos) doit avoir un discours clair. On doit tous se pencher sur les débats d’aujourd’hui, c’est pour cela que je suis venue au Salon In-Cosmetics à Paris, un gros salon sur les ingrédients. Venir ici était pour moi, une mission personnelle. Et on a eu des conversations intéressantes sur la thématique du prochain salon qui sera sur la durabilité et ce que cela implique, d’un point de vue sécurité sanitaire et environnementale. Parce qu’aujourd’hui tout le monde utilise ce mot à tort et à travers et selon moi, si vous faites du mal aux gens, vous n’êtes pas dans la durabilité, c’est simple. Comme toujours, on doit évoluer, on doit avoir une position claire.

 

 

Un vernis pour un engagement

Bonjour, Je suis Chantal Soutarson. Bienvenue sur Beauty Toaster le podcast Beauté et bien-être. Aujourd’hui, je reçois Elise Khettat. Et j’ai choisi de retranscrire cette interview afin de permettre au personnes sourdes et malentendantes d’avoir un accès à notre conversation, car elles sont au coeur du projet d’Elise.

La première fois que je l’ai rencontrée, c’était cet hiver, je crois que c’était pour parler boulot. Et puis, il y a quelques semaines, elle m’a rappelée, cette fois pour me parler de son projet. Surprise… Elle m’a demandé de lui donner un coup de main pour lancer des vernis, mais son aventure va bien plus loin que la création de vernis. C’est pour cette raison que j’ai souhaité enregistrer cet épisode avec elle. En fait… et puis non, je ne vais rien vous raconter, je vais vous laisser découvrir son idée, car c’est encore elle qui en parle le mieux.
Moi : Bonjour Elise

Elise : Bonjour Chantal

Qui es-tu Elise ? (rires)

Elise : Question pas facile… Alors j’ai 34 ans, je suis parisienne d’adoption depuis presque 15 ans, maintenant. Je viens de Normandie, je suis arrivée à Paris pour faire l’EFAP (école d’attachées de presse). J’en suis sortie en 2009, au moment de la crise et c’était pas facile pour trouver un premier job. Du coup, j’ai été barmaid pendant deux ans, puis j’ai trouvé un 1er job dans un studio graphique, avant d’aller dans une boîte de production, ensuite en agence digitale, si je dois me présenter sur le côté professionnel.
… Et sur le plan personnel ?

Sur le plan personnel, je suis quelqu’un qui aime l’indépendance, c’est pour ça que je me suis mise à mon compte il y a deux ans et demi maintenant. J’ai crée mon agence qui s’appelle Supernature et qui est spécialisée dans les marques de beauté. Donc je fais de la communication et de la production de contenu pour les marques de beauté.

La beauté c’est ton univers…

J’aime la beauté en tant que femme et et aussi en tant que professionnelle. C’est un univers attrayant et passionnant et qui est en constante évolution. Aujourd’hui on voit des marques arriver  tous les jours sur le marché et ce qui est passionnant c’est que ce sont de jeunes marques qui dictent les tendances pour une beauté plus consciente, plus inclusive, plus responsable.

Alors moi tu m’as appelée pour me parler de ton projet, donc on va faire comme si on était au téléphone toutes les deux et puis tu vas pitcher, comme on dit, ton projet. Explique-nous de quoi il s’agit…

Alors, je t’ai appelée il y a quelques semaines car j’avais envie de te présenter mon projet pour recueillir ton soutien et donc j’ai eu plus que ça, puisqu’on est ensemble aujourd’hui et que j’ai la chance de faire ma première ITW avec toi. Exercice pas facile, c’est un peu stressant… Voilà, je suis en train de créer une marque de vernis à ongles éthiques dont l’ADN est de donner du sens à la beauté. Alors, on parle beaucoup de sens. Aujourd’hui pour moi, quand on crée une marque, on doit travailler sur 3 axes prioritaires : la santé, l’environnement et prendre en compte des questions de société. Donc l’idée de la marque est vraiment née de là. En travaillant d’abord sur la partie Humain, parce que le vernis est aujourd’hui un produit plaisir mais qui est controversé autant pour son impact sur la santé que sur l’environnement.

Donc concernant son impact sur la santé, c’est comment avoir les formules les plus clean possibles, les moins nocives pour la santé, en retirant les ingrédients toxiques issus de la pétrochimie pour les remplacer par des ingrédients d’origine naturelle et végétale. Y’a déjà des marques qui sont sur le marché (ndlr. Manucurist, Gitti…) et qui ont donné cette impulsion et c’est super et j’ai envie de m’inscrire aussi dans cette mouvance. Donc je travaille avec un fabricant à qui j’ai donné mon cahier des charges pour avoir les formules les plus clans possibles. Je teste plein de vernis, je teste toutes les formules qui sont disponibles aujourd’hui sur le marché parce que je suis une grosse consommatrice de vernis, j’en porte tous les jours, pour savoir, est-ce que telle formule tient mieux qu’une autres ? Les compromis à faire… Alors est-ce qu’on va être sur le temps de séchage, la tenue etc. Donc j’en teste beaucoup pour pouvoir établir mon propre cahier des charges et pouvoir proposer un produit qui soit sans compromis sur la tenue, la couleur, le temps de séchage et voilà ; parce que que le vernis doit rester un produit plaisir. Pour beaucoup, il vient parfaire la tenue, donner un petit booste de confiance. on est tout de suite plus à l’aise quand on a une jolie manucure pour prendre la parole en public ou pour un rendez-vous plus personnelle. C’est vraiment la touche finale. Donc l’idée c’est d’avoir cette touche finale, mais pas dangereuse !

Le but c’est pas de s’empoisonner (rires)

Y’a déjà des marques qui le font très bien, donc je m’inscris dans cette mouvance-là mais j’ai envie d’aller encore plus loi. Donc l’idée c’est de travailler sur ‘impact environnemental, j’ai envie de le maîtriser le plus possible, donc je souhaite faire fabriquer mes produits en France déjà. Et ce qui n’existe pas aujourd’hui et que j’ai envie de mettre en place, c’est un système de consigne pour le recyclage des flacons, puisqu’aujourd’hui les flacons usagers sont jetés à la poubelle, ne sachant pas où les mettre…

vernis, green, clean, surdité, handicap

Et souvent y’a encore pas mal de vernis dedans…

Tout à fait et ce sont des solvants, est du coup l’impact sur l’environnement n’est pas top ! Voilà, donc l’idée c’est que les gens puissent me renvoyer leurs flacons usagers et qu’on puisse les nettoyer et les remettre dans la chaîne de production. Puisque ce sont des flacons en verre, travailler là-dessus me semble vraiment important. Dans d’autres secteurs, le système des consignes revient donc travailler de la même manière et puis plus largement peut-être, développer ce système pour les professionnels, donc travailler avec des salons de manucure et d’autres marques pour aller dans ce sens.

Ah oui donc, ça dépasse le simple cadre du vernis éthique. Et il y a autre chose je crois…

Oui, j’ai envie de rendre ma marque utile. Alors pour un vernis à ongles ça peut paraître étrange, mais l’idée de l’utilité du produit, c’est de travailler ma communication en langue des signes, pour mettre en avant ce mode d’expression que je trouve, personnellement, très esthétique, et d’apprendre à tout un chacun les bases de la langue des signes comme on apprend les bases de l’anglais, de l’allemand ou de toute autre langue. Quand on va à l’étranger, on est toujours contente de pouvoir dire bonjour et merci dans la langue locale, donc l’idée c’est de pouvoir faire la même chose avec la langue des signes.

Mais comment tu fais le lien entre la langue des signes, le vernis, je vois pas bien…

Le lien entre les deux c’est vraiment de travailler ma communication autour, donc je vais travailler avec des jeunes femmes malentendantes que j’ai rencontrées à qui j’ai présenté mon projet car c’était très important pour moi d’avoir leur adhésion. J’ai rencontré des interprètes aussi. Les deux parties adhérent à mon projet, me soutiennent, donc ça pour moi c’était très important et l’idée c’est de travailler avec ces jeunes femmes pour faire des vidéos qui vont apprendre à dire bonjour, merci et tous les mots d’usage quotidien, sur les réseaux sociaux et notamment sur IG.

Ok, mais ce n’est pas que de la com’, on est d’accord ?

Non, ce n’est pas que de la com’. Parce que la com’ c’est super, mais je voulais aller plus loin dans ce projet et être utile jusqu’au bout. L’idée à terme pour moi, c’est d’ouvrir des salons de manucure silencieux, puisque j’ai envie de travailler sur le concept de silence, pour proposer de l’emploi à des jeunes femmes malentendantes qui auraient envie de travailler dans le secteur de la beauté. Alors, je ne suis pas une association, donc je ne prends pas la parole sur le handicap. L’idée c’est d’être dans une démarche inclusive et d’offrir de l’emploi à une catégorie de personnes, même si tout le monde est le bienvenu, on ne va pas faire de la discrimination positive.
Le concept de silence, c’est parce qu’à Paris ou dans les grandes villes, on est confronté en permanence au bruit des sirènes, de la rue, de la circulation et se retrouver dans une bulle pendant 20 mn, 30 mn, le temps d’un soin pour se faire plaisir, c’est forcément une expérience agréable.

Là tu en es au stade du projet, comment as-tu fait pour le lancer ?

Alors pour passer de l’idée à l’action, j’ai ouvert une page de pré-commandes sur une plate-forme qui s’appelle OKPAL et qui appartient à Ulule. Et donc là, j’ai pris mon téléphone, et j’ai commencé à appeler toutes les femmes que je connais pour présenter mon projet, ma démarche, recueillir leur soutien par l’échange parce que les échanges sont hyper intéressants et puis par la pré-commande. Car l’idée c’est de m’autofinancer et pour ça, il faut déjà voir s’il y a un public, si les gens sont intéressés par les produits, par la marque, par la démarche et aujourd’hui, j’ai déjà une cinquantaine de pré-commandes. Je suis très agréablement surprise des retours que je peux avoir que ce soit de la part de personnes qui me sont très proches comme mes amis, comme des personnes qui me sont moins proches, que j’ai rencontrées tout au long de ma vie, comme les anciens de l’EFAP qui sont super, qui ont très très bien accueilli mon projet qui me soutiennent et qui sont pour beaucoup dans la communication, mais pas que ! C’est très chouette de reprendre contact avec des gens qu’on n’a pas vu depuis 10 ans.

On me dit que c’est génial d’avoir la fondatrice de la marque qui t’appelle pour te présenter son projet, que ça donne envie de soutenir plutôt que de recevoir un lien. Et puis on reçoit déjà beaucoup de liens, que ce soit pour les cagnottes d’anniversaire ou autre… L’idée c’est vraiment de présenter ma démarche, de fédérer autour de moi puisque je n’ai à date, pas d’éléments de communication. Je n’ai que ma voix et mon téléphone. Et je suis ravie de le faire comme ça. Alors là, je vais bientôt produite une vidéo (ndlr. dans laquelle je suis présente d’ailleurs 😉 ) qui va présenter ma démarche. Je vais la travailler avec une jeune femme qui s’appelle Louise. L’idée c’est qu’on soit toutes les deux au même niveau. Je présenterai oralement et Louise à côté de moi traduira et présentera en langue des signes. C’est vraiment fédérer autour, faire connaître la langue des signes puisque c’est une langue qui est encore peu connue et peu travaillée en France, à tous les niveaux. Fin mai, un député a pris la parole à l’Assemblée Nationale justement en langue des signes pour sensibiliser nos politique aux difficultés que peuvent rencontrer les personnes malentendantes dans leur vie quotidienne pour leur donner accès, aux démarches administratives, aux démarches de santé… J’ai fait un voyage aux US qui m’a ouvert les yeux sur la manière dont les américains appréhendent la langue des signes américaine. Tous les enfants à l’école primaire apprennent la langue des signes. j’ai rencontré un petit garçon de 6 ans qui vit à New-York et apprend la langue des signes. C’est super chouette, d’autant qu’on sait que la langue des signes est hyper bénéfique pour l’enfant et notamment pour les bébés quand ils ne sont pas encore capables de communiquer oralement.

Tout à fait, d’ailleurs j’ai vu récemment un reportage sur l’apprentissage de la langue des signes dans une crèche en France…

C’est hyper valorisé, parce qu’on se rend compte que ça apaise beaucoup les enfants d’être capables d’exprimer quelque chose avec leurs mains plutôt qu’avec le cri, puisque c’est leur seul moyen d’expression.

Donc aujourd’hui, comment on peut t’aider ? 

On peut m’aider en soutenant mon projet, en pré-commandant un  trio de vernis :  une base, un vernis rouge et un top coat. Je commence avec un vernis rouge qui est la couleur la plus utilisée et qu’on retrouve le plus souvent sur les doigts des femmes, qui va bien aussi à toutes les peaux. Et à terme, l’idée c’est de développer une couleur par saison. J’ai pas envie d’être en surproduction, il y a déjà beaucoup de marques qui proposent des gammes de couleurs très larges et c’est super. L’idée pour moi, c’est de travailler plus sur les tendances, donc chaque saison, de proposer la couleur tendance de la saison. Donc de proposer 4 couleurs par an et un rouge qui reste en permanence.

Et les instituts que tu comptes mettre en place  ce seront des pop-up ou des instituts pérennes ? 

Alors pour le lancement, je me fixe de gros objectifs. Si j’arrive à atteindre mon objectif de précommandes qui est de 1500 kits de vernis vendus, j’ouvrirai un pop up store à Paris pour l’instant, afin de pouvoir rencontrer les contributeurs, de les remercier et de leur remettre en main propre le produit et aussi de leur offrir sur place une pose de vernis faite par des jeunes femmes malentendantes pour leur permettre d’avoir une bonne première expérience avec le produit, et d’être dans l’expérience de la langue des signes, de la rencontre avec des personnes qui communiquent autrement. Voilà, j’ai vraiment une démarche humaine que ce soit dans ma manière de fonctionner aujourd’hui en prenant mon téléphone, en échangeant, en recueillant des conseils, des avis et en favorisant la rencontre entre des personnes différentes. Une rencontre qui va être enrichissante, pour l’avoir fait, je me suis retrouvée moi à l’inverse, entendante et m’exprimant oralement avec des jeunes femmes malentendantes qui pour certaines s’expriment aussi oralement et qui entendent grâce à un appareil, mais je me suis retrouvée en minorité. Et j’ai beaucoup apprécié ce moment parce que c’était un moment d’échange incroyable, mais pour le coup, je me suis mise à leur place aussi en me disant : OK quand on est la personne différente, c’est pas toujours évident et du coup ça force le respect  des autres et ça m’a vraiment donné envie de pousser ce projet, d’avoir une démarche utile et j’ai envie que la marque devienne d’utilité publique si je puis dire.

Il y a une date limite pour les précommandes ?

Pas sur OKpal (contrairement à Ulule), parce qu’aujourd’hui je travaille vraiment avec mon téléphone et j’explique l’idée à chaque personne, donc ça prend plus de temps.

Merci Elise

Merci Chantal

Retrouvez toutes les infos sur IG @nailproject.paris et @elisekhettat . Sur FB @nailproject.paris

Et pour les pré-commandes de soutien, c’est par ici nailproject

Fred, c’est le coiffeur qui fait des vidéos décalées mais qui prend son métier très au sérieux, malgré les apparences… Il se livre sur ses débuts dans un salon de province, sur son arrivée à Paris. Et raconte comment il s’est très vite trouvé à l’étroit entre les murs des salons ; comment le blogging lui a ouvert un extraordinaire champ des possibles et pourquoi les vidéos rigolotes qui ont fait sa notoriété, c’est fini pour lui.

Episode 68. Chimiste de formation, Gaël Boutry voulait travailler dans le secteur pharmaceutique et s’est découvert une passion pour les cosmétiques. Après un détour par l’IPSICA, l’école qui forme aux métiers de la parfumerie, des arômes et des soins, il est entré chez Amore Pacific. Ensuite, il a été tour à tour, formulateur, responsable laboratoire et même directeur d’usine.